Le bilan des deux explosions qui ont dévasté Beyrouth dans l’après-midi du mardi 4 août s’élève à plus de 100 morts et environ 4 000 blessés, selon les rapports de la Croix-Rouge libanaise, qui s’attend à ce que les chiffres augmentent à nouveau. Les sauveteurs ont travaillé toute la nuit. Les explosions, également entendues à Nicosie (Chypre), à 240 kilomètres de là, ont été enregistrées par les sismologues comme l’équivalent d’un tremblement de terre de magnitude 3,3. Selon le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, qui a éclaté en larmes en direct à la télévision lors d’une interview avec Sky Arabia, les dégâts s’élèveraient à 3-5 milliards de dollars et des milliers de personnes n’auraient plus de maison.
Accident ou attentat à la bombe ?
Il n’y a toujours pas de certitudes sur les causes de l’événement. Les soupçons d’un attentat ont d’abord été évoqués en raison des premières informations faisant état d’une seconde explosion près de la résidence de l’ancien Premier ministre sunnite Hariri. Cependant, la théorie de l’incident semble de plus en plus probable et les autorités restent prudentes. Une source de la sécurité libanaise, relayée par certains médias locaux, émet l’hypothèse que la première explosion pourrait avoir été déclenchée par la soudure d’un trou dans l’entrepôt des feux d’artifice, non loin de l’endroit où le nitrate d’ammonium était stocké.
Du nitrate d’ammonium stocké
Les explosions auraient été causées par une cargaison de nitrate d’ammonium de plus de 2 700 tonnes stockée dans le hangar 12 du port après sa confiscation en 2013 par un navire russe battant pavillon moldave : le président Michel Aoun a déclaré qu’il était « inacceptable » de conserver ce matériel sans mesures de sécurité. Le Premier ministre Hassan Diab a promis que la responsabilité sera prouvée et que « les responsables en paieront le prix ». Des témoins ont rapporté avoir vu un nuage orange comme celui qui apparaît lorsque du dioxyde d’azote gazeux toxique est libéré après une explosion impliquant des nitrates et le pays est également très préoccupé par les toxines présentes dans l’air.
Trump parle d’une bombe
Dans la nuit, Donald Trump a relancé l’hypothèse d’une bombe, en déclarant lors d’une conférence de presse qu’il avait parlé avec des généraux américains, qui pensaient qu’il s’agissait d’une « bombe quelconque ». Trois sources de la défense américaine, citées par CNN, contredisent le président Trump : il n’y aurait pour l’instant aucun élément pour soutenir cette théorie.
Hôpitaux et aide humanitaire
Entre-temps, plusieurs pays ont proposé d’envoyer immédiatement une aide humanitaire au Liban, en particulier des médecins et des infirmières : à Beyrouth, trois hôpitaux seraient complètement détruits et deux autres endommagés. Le Premier ministre Diab, dans un appel à la télévision mercredi matin, a qualifié cette situation de « véritable catastrophe » et a demandé l’aide de pays amis. Parmi ceux qui ont déjà fait une proposition, on trouve la France, l’Allemagne, la Turquie, la Russie, la Chine et Chypre.