Pierre Fréha est né à Alger. Il est l’auteur de nombreux livres (romans, nouvelles, livres pratiques), dont beaucoup sont nourris de ce qu’il a découvert lors de ses multiples voyages. C’est le cas pour « Bella Ciao Istanbul » qui, comme son nom l’indique, se déroule en Turquie, pays que l’auteur connaît bien pour y avoir vécu. Ce roman nous raconte une tranche de vie étonnante, dans laquelle un homme découvre qu’il s’est installé dans un lieu qui ne lui correspond pas ! Un roman à découvrir en cette période d’élection en Turquie…
L’histoire de Danilo, un expatrié français à Istanbul
Danilo est un étranger dans le pays dans lequel il vient de s’installer : la Turquie. Il a aimé ce pays jusqu’à vouloir s’y installer, ce qu’il a fait, et a même envisagé de prendre la nationalité turque, mais maintenant il découvre l’envers du décor. Ce qui lui plaisait tant lorsqu’il venait en touriste ou habitant occasionnel s’efface petit à petit devant la réalité des choses : bien que la Turquie s’affiche comme une République et que le pays sort progressivement du conservatisme, les habitants sont loin d’être libres et ce, que ce soit dans leurs gestes ou leurs paroles. Et Danilo va en faire les frais après avoir prononcé des propos déplacés à une compagnie aérienne qui refuse de lui rembourser un billet d’avion qui a été annulé. Danilo a le sang chaud, il s’emporte, il s’énerve, et le voilà maintenant surveillé par les autorités locales. C’est le début d’une accumulation de mésaventures qui vont lui donner de plus en plus envie de quitter ce pays. Mais la crise du coronavirus va l’en empêcher, la fermeture des frontières l’obligeant à rester sur place.
« On ne s’intègre jamais. On reste un étranger, même si on vous donne un bout de papier stipulant que vous avez une nouvelle nationalité. »
Amoureux de la culture mais pas du système Turc
Dès le début du livre, on ressent que quelque chose ne va pas, que Danilo n’a pas sa place en Turquie, mais lui ne s’en rend pas compte, il met énormément de temps avant de le comprendre. C’est certainement son amour pour ce pays qui fait qu’il ne voit pas ce qui ne va pas, qu’il ne se rend pas compte qu’il est de plus en plus en colère contre le système et les habitants qu’il va même jusqu’à juger responsables de ce qui arrive. Cet amour de la Turquie, d’Istanbul, on le devine très facilement. L’auteur sait mettre en avant les merveilles de ce pays et son histoire, alors même que le personnage de Danilo n’en montre que les points négatifs. C’est très étonnant à lire, car c’est un peu comme si on découvrait les deux facettes d’une même pièce, le pile et le face, le bon et le mauvais, le merveilleux et le détestable. Et parfois, détestable, c’est le personnage principal qui l’est. Pourquoi reste-t-il à Istanbul s’il ne se plaît pas ? Il critique tout, aussi bien le système que les habitants, mais alors, qu’il parte ! On s’agace de ses agissements, et en même temps, quelque part, on peut comprendre son point de vue, et on lui pardonne, espérant même que tout va s’arranger avec le temps.
Pierre Fréha, un auteur sans langue de bois
L’écriture de Pierre Fréha est incisive. Elle fait remonter de très fortes émotions, et aussi nous poser de nombreuses questions. Elle aiguise notre sens critique face à un système qu’on ne comprend pas bien car il est loin de ce que l’on connaît. L’auteur n’hésite pas à parler de sujets qui fâchent, et il le fait avec beaucoup de cœur, sans détour. « Bella Ciao Istanbul » propose une lecture très forte et riche, qui nous plonge au cœur de l’Istanbul d’aujourd’hui, mais aussi celle d’hier.
Most éditions : https://www.mosteditions.com/
Site de l’auteur : http://istanbul-bellaciao.fr/