Ce roman, Le dernier soulèvement, publié en 2023 chez IGB Anticipation offre une aventure épique dans un monde gouverné par un régime autoritaire, obsédé par l’écologie… À travers les yeux du protagoniste appelé Lazare, le lecteur découvre un Paris futuriste, en proie à la pauvreté et à la violence, où la terreur a engendré une société qui vit sous le joug de la nature. Lazare, courtisan et donc travailleur du sexe masculin s’est mis au service de l’horrible Comtesse de Roquefeuil. Peu soucieuse de respecter la Révolution en place, celle-ci garde des objets anciens, des antiquités interdites de l’époque actuelle comme un œuf en plastique, par exemple.
La bio-révolution est en marche
Très rapidement, le héros se retrouve aspiré dans une spirale infernale, entraîné dans une conspiration contre l’élite Bio-révolutionnaire, dirigée par une main de fer par le chancelier Valdeck. Ce régime a toutes les caractéristiques des grandes dictatures et politiques totalitaires : il utilise la surveillance continue, réduisant à néant toute notion de vie privée. Ce puissant personnage ne jure que par la censure, la propagande pour maintenir son pouvoir en place, même si cela implique de nier la réalité du changement climatique… Avec ses arbres adorés, il démontre toute l’ambiguïté et le paradoxe : vouloir faire le bien, mais faire le mal…
Sauver le monde en le détruisant
De son côté, Lazare se révèle être plus malin qu’il ne le laisse deviner, au début du livre. C’est un homme perspicace, curieux, qui comprend petit à petit les secrets cachés. La plupart des personnages féminins sont forts et déterminés, dont Gertrud von Clausewitz, une experte du GIEC.
Ce roman de Sébastien Garnier met également en lumière des personnages complexes et fascinants…
Parmi eux, la Comtesse de Roquefeuil, une femme possessive et violente, qui essaie d’ôter tout amour propre à Lazare… Mais c’est sans compter sur la plume efficace de l’auteur, qui rend justice à ses figures fictives. L’univers de Garnier est hybride : les technologies et les êtres organiques ont même fusionné. La « Mère » est une espèce de déesse : tout le monde ploie le genou face à elle. C’est un être physique, une femme à la conscience d’une I.A. Sa description fait clairement penser au protagoniste de Final Fantasy VII : à savoir Jenova, la mère de Sephiroth, que l’on aperçoit dans une capsule remplie de liquide, entièrement connectée par des tubes et fils.
Ce roman riche en action et en suspens réserve son lot de rebondissements en tous genres. Pas le temps de s’ennuyer, au cours de cette lecture sous haute tension. Quand la rébellion s’organise, des meurtres se multiplient. Les dissidents se préparent à faire tomber le régime, sous la forme d’un Coup d’État. Vox Populi ! Les événements s’accélèrent jusqu’au grand final, chargé en hémoglobine et en sensations fortes.
Le Dernier Soulèvement est un livre réussi, aux multiples facettes
Sébastien Garnier représente un appel à la prise de conscience environnementale, exposant les conséquences désastreuses de l’inaction face aux défis de la nature. Ce récit rappelle l’importance de protéger notre planète pour nous-mêmes et pour les générations futures, sans pour autant tomber dans le piège « moralisateur ». Puisque tout le monde est concerné par l’écologie, personne ne restera indifférent à cette histoire authentique. Le livre est truffé de retournements de situation et de rebondissements…
Dès les premières pages, le lecteur s’embarque dans une intrigue haletante, portée par des personnages complexes et attachants.
L’auteur a su créer un univers extrêmement riche, dans une atmosphère tendue et oppressante. Les détails de cet univers dystopique sont d’une finesse à souligner, et il est facile de s’imaginer les rues sombres de Paris, la technologie futuriste contrôlant les faits et gestes de chacun… L’heure de manifester a sonné, Paris brûle et se soulève.
Des dilemmes moraux complexes, chaque choix entraîne des conséquences qui dépassent la notion de destinée.
D’ailleurs, le style d’écriture de Sébastien Garnier est également à saluer. Sa narration est parfaitement rythmée, et il sait doser les moments d’action et les instants de réflexion… Finalement, Le Dernier Soulèvement peut aussi être l’occasion de découvrir la science-fiction et le roman d’anticipation. C’est une bonne entrée en matière, grâce à une intrigue qui se construit petit à petit et un grand bouquet final, qui laisse sans voix. Sébastien Garnier a réussi à créer un avenir qui fait froid dans le dos, qui pousse à s’interroger sur notre propre relation à l’environnement et à la politique. Un vrai coup de cœur !