Les feuilles des arbres peuvent tomber plus tôt en automne en raison du changement climatique, plutôt que plus tard comme on le pensait auparavant. Cette découverte suggère que les arbres stockeront beaucoup moins de carbone que prévu en raison de la hausse des températures, et une chute plus précoce des feuilles pourrait avoir des répercussions sur les insectes et d’autres espèces.
Constantin Zohner, de l’ETH Zurich en Suisse, et ses collègues ont examiné les données sur la chute des feuilles en automne durant la période de 1948 à 2015 pour six espèces d’arbres tempérés, dont le chêne commun, sur près de 4000 endroits en Europe centrale. Ils ont ensuite mené deux expériences pour voir quel est le rôle du CO2 et de la lumière du soleil au moment de la chute des feuilles. La première étude a comparé des arbres dans des chambres dont les niveaux de CO2 dans l’atmosphère étaient proches de ceux d’aujourd’hui avec ceux dont les niveaux étaient deux fois plus élevés, tandis que la seconde a testé l’impact de l’ombre.
En rassemblant les résultats, ils ont modélisé ce qui se passerait d’ici 2100 si les émissions de carbone de l’humanité restaient élevées. Au lieu de s’attendre à ce que les automnes plus chauds prolongent la saison de croissance et que la chute des feuilles se produise 2 à 3 semaines plus tard qu’aujourd’hui, l’équipe de Zohner a découvert que le phénomène se produira probablement 3 à 6 jours plus tôt qu’aujourd’hui. « La principale conclusion est cette énorme différence par rapport aux modèles précédents en ce qui concerne le moment où l’automne se produit », déclare Zohner.
Les expériences de l’équipe suggèrent que des niveaux élevés de CO2, des températures ou des niveaux de la luminosité poussent les feuilles à être plus productives au printemps et en été, ce qui accélère leur chute en automne. « Nous pensons que les plantes semblent avoir cette limite interne à leur productivité », explique M. Zohner. Bien que l’étude ait porté sur les arbres européens, il pense que les résultats seront également valables pour les arbres tempérés d’Amérique du Nord et d’Asie.
Si la conclusion de l’étude s’avère exacte, ce renversement de tendance aura de grandes ramifications mondiales, au-delà des touristes qui affluent pour voir les feuilles tomber et des phénologues qui étudient les interactions entre les arbres, les animaux et les autres plantes. Zohner calcule que le passage d’un retard à une avancée dans la chute des feuilles représente environ 1 gigatonne de carbone en moins stocké au niveau mondial chaque année par les forêts tempérées, soit environ un dixième de ce que l’humanité émet annuellement. « C’est un chiffre assez énorme », dit-il.
Source : Sciencemag
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