En mai 2022, les éditions lyonnaises M+Editions accueillent un nouveau roman au sein de leur catalogue éclectique et diversifié. L’ouvrage raconte une enquête passionnante, qui se déroule au quai des Orfèvres à Paris. Cette adresse est réputée parmi tous les adeptes de la lecture polar, mais aussi des personnes qui ne sont pas forcément très connaisseuses en la matière. En réalité, ce lieu devenu culte a été surexploité par le cinéma et même le petit écran. Aujourd’hui, la police a déménagé du palais de justice, mais ce n’est pas pour autant que l’imaginaire collectif a cessé de rêver à son sujet et fantasmer…
Mais alors qui va être exécuté dans cette affaire ?
Parmi les points forts du livre, l’on peut inclure l’introduction de chaque chapitre. En effet, les débuts de sections sont accompagnés d’une citation, issue de l’œuvre Madame Bovary de Gustave Flaubert. Cela instaure tout de suite une atmosphère énigmatique : pourquoi ce choix, cette œuvre incontestée de la littérature française ? Le lecteur se rendra compte relativement rapidement que cela a un lien direct avec la narration… Pascal Marmet maîtrise les codes du suspense. Pour cela, il présente ses personnages d’une façon très fluide : le lecteur peut visualiser très facilement les scènes qu’il découvre et comprend aisément le rôle des personnages qu’il croise. Dès les premiers chapitres, l’ambiance est donnée : François Chanel sera le héros du jour. Un profiler indépendant, au ton maîtrisé. Réputé pour exceller dans son métier, il incarne donc le profil type de l’enquêteur calme, mesuré et déterminé à coincer le coupable.
Au nom de la vérité, tout est possible.
Force est de constater que Pascal Marmet est familier des codes du style policier et réussit à intégrer un lexique propre aux professionnels et experts, qui ne manqueront pas d’accentuer la crédibilité de l’intrigue. En effet, contrairement à certains auteurs qui peuvent se lancer hâtivement, l’écrivain expose ici ses connaissances précises en la matière, en décrivant fidèlement les évènements, en exploitant le jargon. D’ailleurs, pour éviter de tomber dans le cliché du genre, Pascal Marmet introduit un personnage fort peu recommandable. Il s’agit de Maître Nicolas Fender, un avocat reconnu dans la profession. Ce « romantique » du barreau se drogue à son métier. S’il est très doué à son poste, il se comporte d’une manière très problématique avec la gent féminine. C’est un prédateur sexuel confirmé et présenté en tant que tel. Alors qu’il se prépare pour rentrer à son domicile, il est sauvagement agressé par un inconnu. L’assaut a lieu au sein même du palais de justice : un comble pour les enquêteurs, qui vont devoir redoubler d’efforts pour coincer le ou la coupable…
Très vite, le lecteur s’interroge.
Serait-ce là un règlement de compte ? Un des atouts de ce livre est évidemment son aspect divertissant, sa qualité de « page turner », comme on dit en anglais. Pascal Marmet instaure une atmosphère réaliste et embarque son lecteur dans une enquête, qui lui donne envie d’enchaîner les chapitres, de comprendre les motivations du tueur mystérieux. Le lecteur est donc saisi par la curiosité. Une fois que les bases sont données, Marmet passe à la vitesse supérieure en introduisant des personnages qui vont fortement participer à l’essor de l’intrigue. Par exemple, François Channel rencontre Alain, un homme qui a été interné à l’hôpital Sainte-Anne à la suite d’un incident. Celui-ci serait atteint d’un syndrome qui aurait la particularité de développer ses facultés extrasensorielles.
Ce « savant acquis » pourrait donc être très utile à la police, qui pourrait ainsi tirer profit de ses espèces de pouvoirs psychiques. L’enquêteur Chanel obtient satisfaction, lorsqu’il constate que ses talents sont réels, surtout quand il accuse les bonnes personnes dans l’affaire des Fragol, en découvrant le mobile de la tuerie.
Les premiers indices se dévoilent, petit à petit, sous le regard autoritaire de la chef. Cette patronne surnommée Mademoiselle Maigret est déterminée à coincer le coupable, coûte que coûte. Pour cela, elle met une pression monstre à ses équipes. Sans spoiler, l’intrigue révèle son jeu de cartes assez rapidement. C’est-à-dire que le lecteur découvre tôt les origines du meurtre, le mobile ainsi que les motivations. Cependant, cette décision ne retire en aucun cas le plaisir de la lecture.
Exécution est un roman réussi
L’écrivain réussit à captiver son lectorat, tout au long des chapitres. Le texte se présente sous la forme d’un cours d’eau fluide, où il n’y a que peu de rochers ou cascades. En résulte un instant divertissant et très crédible, grâce aux connaissances pointues d’un auteur qui connaît visiblement bien l’univers de la police. De plus, Pascal Marmet n’a pas peur de s’attaquer à des sujets sensibles, dont le terrorisme en France. Après tout, le livre prend place en 2016 — en pleine crise liée aux attentats islamistes.
En mêlant différentes thématiques intrigantes et dérangeantes, l’auteur présente un thriller à la française, un polar à l’atmosphère tendue, parfois ponctuée de petites pointes d’humour.
Le site de l’auteur : https://marmet-pascal.com/