Artiste aux multiples casquettes et thérapeute, Marguerite Lalèyê se livre dans « Autre Terre », une autobiographie aux accents interactifs qui revient sur des moments clés de sa vie, de son départ d’Afrique pour l’Europe jusqu’à son affirmation en tant qu’artiste. Ces tranches de vie franches et universelles invitent également le lecteur à l’introspection.
Propos recueillis par Kévin Corbel.
Où se situe cette « Autre Terre » ?
Cette Terre est en nous. C’est cet espace vivant, magique, en lien avec la nature. Comment peut-on aimer la Terre si on ne s’aime pas ? C’est de ce questionnement que je suis partie, avec bien-sûr une préoccupation écologique : aimer la planète, c’est très bien, mais il faut aussi prendre soin de sa Terre intérieure.
Comment est né le projet de ce livre ?
En tant que thérapeute, beaucoup de clients viennent me voir parce qu’ils sont en souffrance, parce qu’ils s’interrogent sur l’avenir, sur comment ils peuvent agir à leur échelle. Je me suis donc demandé ce que je pouvais partager ou apporter de mon expérience du monde. Je me suis rendu compte que par rapport à mon parcours de vie, il y avait cette connexion à la nature, à la Terre. Il y avait aussi l’envie de partager ma joie à travers un processus d’introspection.
Justement, il y a cette dimension autobiographique dans l’ouvrage.
L’idée était de me mettre à nu sans pour autant rester dans de l’autobiographie classique, avec juste une histoire. Il y a également la volonté d’accompagner le lecteur, ce qui doit être un réflexe de thérapeute. C’était de tendre la main pour amener vers certaines réflexions, donner la possibilité de faire le même voyage spirituel que moi, mais à sa façon.
Le livre est structuré d’une manière assez singulière avec d’abord un texte, puis une question à laquelle nous sommes invités à répondre, puis une illustration et enfin des instructions pour faire un rituel. Pourquoi ce choix de structuration ?
Je voulais qu’il y ait une dimension interactive, parce que c’est en vivant l’expérience que l’on peut se relier au vivant, qu’on peut contacter une subjectivité qui reste inaccessible autrement. Bien évidemment, ces éléments restent des inspirations et chaque lecteur peut sortir du cadre s’il le souhaite. Chaque porte mène vers un monde différent et je suis certaine que chacun y trouvera le sien.
Les illustrations que vous proposez sont plus ou moins abstraites. Que représentent-elles ?
Je suis également artiste-peintre, c’est donc moi qui suis à l’origine de chaque illustration. C’était important pour moi de mélanger tous les outils que j’avais à disposition. Ces peintures ont été faites en lien avec les chapitres, il y a tout un processus méditatif, créatif et artistique qui entre en jeu. Ce sont des images qui dégagent quelque-chose : si mes mots ne parlent pas aux lecteurs, peut-être que ces illustrations les feront vibrer.
À la fin de chaque chapitre, un rituel est proposé. En quoi ça consiste ?
Ce qui est intéressant avec le rituel créatif, c’est que ça met dans un état particulier. On se rapproche de son essence, de sa sagesse et de la vie rien qu’en ayant l’intention de choisir des mots qui vont influer sur notre perception du temps. C’est cet espace intérieur qui se crée qui est véritablement magique, bien plus que le rituel. Ceux que je propose sont toujours en lien avec le thème du chapitre : le lecteur est déjà plongé dans une certaine dynamique, ce qui peut l’aider à accéder à des choses auxquelles il n’aurait pas pensé. Je fais confiance à cette part de magie qu’on ne peut contrôler et qui jaillit dès qu’on lui laisse la place.
Et puis ces rituels peuvent se faire de différentes façons : il y a la méditation, la danse…
Oui, c’est un livre vivant, qui continue de vibrer même une fois qu’on l’a refermé. Même moi qui l’ai écrit, je sens son effet dans le temps, qui s’amplifie.
Quelles sont vos inspirations artistiques ?
Plus que des livres, des auteurs ou des artistes, c’est surtout des interactions avec la vie dont je m’inspire. Une phrase, une rencontre, un moment passé dans la nature peut devenir une source d’inspiration. Au moment où j’écris, c’est un potentiel d’inspiration qui m’est accessible et qui va me permettre de modeler ce que j’ai envie de partager.
Vous êtes une artiste multifacettes : peinture, écriture, musique intuitive… Pensez-vous que l’art est suffisamment mis en avant aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de choses qui se font au niveau artistique puisqu’on est des êtres créateurs. Il faudrait voir ce qu’il y a au-delà nos créations : quelles sont les intentions et comment elles pourraient nous aider dans l’instabilité du monde d’aujourd’hui. On pourrait par exemple avoir cette réflexion autour de l’écologie : que pourrait-on apporter, en tant qu’artistes, comme solutions ?
Pour plus d’informations et suivre l’actualité de Marguerite Lalèyê, rendez-vous sur son site internet : www.margueritelaleye.ch